La classe flexible - Interview de Julie Demeure, professeure des écoles à Toulouse
Pouvez-vous vous présenter ?
Julie Demeure :
Je suis professeur des écoles depuis une dizaine d’années. Cette année, je suis en classe de CE1 en REP en classe dédoublée pour la première année. Cela fait deux ans que j’essaie petit à petit de mettre en place la classe flexible.
La classe flexible de Julie Demeure, vues d'ensemble
Pourquoi avez-vous souhaité mettre en place une classe flexible ? Comment avez-vous fait ? Quelles aides avez-vous reçues ?
Julie Demeure :
Je me suis intéressée à cette pédagogie il y a plusieurs années mais n’ayant pas de classe fixe, j’ai dû attendre pour la mettre en place. Mon intérêt s’est tout d’abord porté sur le fait que dans cette pédagogie, les enfants pouvaient s’installer là où ils le souhaitaient tout en respectant certaines règles bien entendu. J’ai bien trop souvent vu des enfants ne pas réussir à tenir assis et avoir des difficultés à s’installer et je souhaitais leur proposer une alternative. J’ai donc commencé par uniquement deux ballons. Je me suis rapidement rendu compte que cela était utile pour les élèves ayant des soucis de concentration mais aussi pour les autres. J’ai donc souhaité étendre ce fonctionnement.
Je me suis donc énormément renseignée et j’ai découvert des ouvrages qui m’ont aidée ainsi que des collègues sur les réseaux sociaux.
La mise en place ne nécessite pas forcément de matériel mais si l’on veut aller plus loin dans la démarche, c’est préférable. J’ai tout d’abord récupéré du matériel autour de moi : table basse, tabouret, petite chaise, tapis, chaise haute, coussin… Puis, la mairie a fait un appel à candidature pour obtenir un budget exceptionnel pour du matériel dit « flexible » choisi par mes soins dans une liste proposée. J’ai eu la chance d’être retenue. J’ai commencé à recevoir du matériel (meuble pour ranger les ateliers, table modulable de différentes hauteurs, plan incliné) au cours du premier trimestre et j’attends le reste (ballons, tabourets oscillants, tapis, Z-Tool, pouf et chauffeuse pour la bibliothèque) pour le 2nd trimestre. A partir de ce moment, je pourrai enfin mettre totalement en place mon fonctionnement comme je l’entends. Fin janvier, une réunion est prévue afin de faire un point sur notre avancement dans notre projet et créer un moment d’échanges entre les différents enseignants participants.
Table facilement déplaçable avec ballon pour assise / Tables basses avec assise au sol sur des coussins
Meuble à casiers pour le rangement des affaires des élèves : "Nous n’utilisons pas les casiers des tables car les enfants ne sont jamais à la même place."
Suite à votre expérience, pouvez-vous nous dire quels sont les intérêts de la classe flexible pour les élèves ? pour l’enseignant ?
Julie Demeure :
La classe flexible me permet d’être plus disponible pour tous. Je passe beaucoup plus de temps avec tous mes élèves et je peux adapter plus facilement mon enseignement à chaque élève. En effet, la flexibilité ne réside pas uniquement dans les assises ou les tables mais par une façon différente d’enseigner. Je ne fais que peu de séances en groupe classe hormis pour les séances de découverte de certaines notions. Les élèves travaillent en groupes, qui peuvent être homogènes ou hétérogènes selon les besoins. Ils s’entraident davantage et j’ai vraiment une bonne cohésion de classe où chaque élève essaie d’aider l’autre. Je peux également leur proposer des situations beaucoup plus ludiques en apprenant par le biais de jeux, de manipulations… Ce dispositif est favorable pour les enfants à besoins particuliers comme ceux atteints de TDAH qui peuvent se déplacer ou utiliser une assise sur laquelle ils se sentent bien. Mais aussi pour les enfants en difficultés (de tout type) car j’ai davantage de temps pour eux grâce aux groupes. Les enfants sans difficultés particulières ne sont pas en reste car je peux leur proposer des ateliers ou activités pour aller plus loin. Chacun avance donc à son rythme et en étant le plus à l’aise possible dans la classe.
J’ai bien entendu encore beaucoup de chemin à parcourir pour réussir à faire tout ce que je souhaite. Je souhaite notamment enlever de nombreuses tables afin de libérer de l’espace et de pouvoir installer davantage de tapis et les Z-Tool.
Y a-t-il un conseil particulier que vous donneriez à un enseignant qui voudrait se lancer dans un projet semblable ?
Julie Demeure :
Mettre en place une classe flexible, c’est une volonté qui doit être personnelle. En effet, l’enseignant doit le vouloir pour le mettre en place, il serait impossible de l’imposer. Il est possible de tester le dispositif en démarrant petit à petit par quelques petites touches comme quelques assises différentes. Il n’est pas nécessaire de tout modifier d’un coup et surtout il ne faut pas avoir peur de faire des retours en arrière et de se tromper. J’essaie des fonctionnements qui parfois sont un échec, je reprends, j’analyse et je modifie en fonction de mes élèves et de leurs besoins.
Enfin, je pense qu’il a autant de classes dites « flexibles » que d’enseignants ayant envie d’enseigner en flexible.
Bibliothèque et coin de repli / Casque anti-bruit
Paravent permettant de s’isoler / Élastique (ou chambre à air de vélo) aux pieds des chaises
Galette à picots
Table basse avec différentes assises
Table et chaises hautes : " les enfants peuvent aussi travailler debout " / Table utilisée pour les ateliers et la remédiation avec l'enseignante.
Table haute avec chaise haute
→ À savoir : certains des outils pédagogiques employés dans cette classe flexible sont présentés dans le livret de la Trousse pédagogique d'Occitadys. En savoir plus
→ Retrouvez notre dossier d'articles sur l'école inclusive :
- Trousse pédagogique d'Occitadys : résultats de l'expérimentation menée à l'école Jules Ferry (Aussonne),
- Comment la Conception Universelle de l’Apprentissage, un autre modèle d’inclusion à l’école développé aux Etats-Unis et au Canada, pourrait alimenter la réflexion sur l’école inclusive en France ?