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Professionnels du Parcours de santé TSLA : interview

6 juillet 2021

Le parcours de santé Troubles Spécifiques du Langage et des Apprentissages (TSLA) est déjà déployé dans 5 départements d’Occitanie, avec des professionnels actifs et engagés sur chacun de ces territoires. Notre équipe a souhaité recueillir les retours d’expérience des acteurs du parcours, afin de mieux comprendre les bénéfices qu’il apporte sur le terrain, à la fois pour les professionnels qui accompagnent les enfants présentant des TSLA, et pour les familles.

Retrouvez dans cette interview les propos de Hélène Leneveu, Pédiatre au centre hospitalier de Cahors (Lot, 46), et d’Isméry Reffuveille, psychologue libérale à Auch (Gers, 32), spécialisée en neuropsychologie.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Hélène Leneveu :

Je suis pédiatre au Centre hospitalier de Cahors, établissement intégré au Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) du Lot avec un rayonnement départemental.  J’ai depuis longtemps un intérêt et une envie qui m’ont amenée à me former sur les troubles des apprentissages et à monter un centre de compétences en 2016 sur l’hôpital de Cahors pour répondre aux besoins qui remontaient du terrain, par le biais des enseignants et de ma consultation pédiatrique.

Je suis une pédiatre généraliste qui voit des enfants de tous âges, et cette expérience m’a permis d’avoir une ouverture sur les plus jeunes et de développer une approche de prévention.

 

Isméry Reffuveille :

Je suis psychologue spécialisée en neuropsychologie, diplômée en 2005 de l’université de Lille 3 du Master II « Neuropsychologie clinique, évaluation péri-chirurgicale et réhabilitation cognitive », formation que j’ai complétée avec le DU « développement cognitif, pathologie et traitement » de l’Université de Versailles en 2008.

J’ai travaillé, entre autres, auprès du Dr Netter, au Centre Référent pour les troubles des apprentissages de Tarbes, pendant une dizaine d’années avant de m’installer dans le Gers, en libéral essentiellement mais en gardant toujours une activité en lien avec le Centre Hospitalier (CH) d’Auch.

Je participe également au Conseil d’administration (CA) d’Occitadys.

 

Quelles ont été vos motivations à entrer dans le parcours de santé Troubles Spécifiques du Langage et des Apprentissages (TSLA) ?

Hélène Leneveu :

Ma motivation principale c’était l’idée de participer à un projet territorial et régional large, qui allait permettre de développer une expertise, un partage d’expérience et d’élargir la visibilité de ce que l’on pouvait faire au sein de notre centre de compétences. L’idée était de créer un réseau départemental de rééducateurs et de médecins traitants, chose qu’on avait un peu de mal à créer jusqu’ici, et de construire un canevas de professionnels mieux identifié, plus large et plus pérenne.

 

Isméry Reffuveille :

Ayant travaillé en Centre Référent, et de manière plus générale avec les médecins spécialisés dans les troubles des apprentissages, il me semblait tout à fait pertinent de poursuivre le travail pluridisciplinaire déjà développé dans le Gers (il existait un « centre de Compétences » sur le CH Auch auquel je participais). Les motivations sont simples : l’accès gratuit aux bilans pour nos petits patients, la simplification du parcours pour les enfants présentant des troubles des apprentissages et pour leurs parents surtout, qui bien souvent sont un peu perdus face aux démarches à effectuer, aux personnes à qui s’adresser...

J’accorde une grande importance aux regards croisés des différents professionnels qui est nécessaire dans le cadre des diagnostics TSLA. Le dispositif favorise les échanges et permet aussi de ne pas faire l’économie de certaines évaluations complémentaires lorsque la situation est difficile (composante affective, tableau « multidys »...)

Un point important également : il s’agit d’une expérimentation qui propose des tarifications correctes pour les professionnels (des bilans et des séances d’accompagnement), basées sur des réflexions avec les professionnels et qui reconnaissent nos spécificités et nos compétences, sans mettre en péril nos activités libérales.

 

Comment s’est déroulée votre intégration dans le parcours de santé TSLA ?

Hélène Leneveu

À posteriori, parfaitement bien ! Très honnêtement ça nous paraissait au départ particulièrement complexe, l’idée de monter ce parcours ici, de créer un réseau, des filières, d’informatiser… L’accompagnement apporté par Occitadys nous a permis de rentrer de manière très progressive. Nous avons tous été accompagnés dans les différentes étapes : médecin, secrétaire, rééducateurs. Ça nous a permis de passer les obstacles petit à petit. On a beaucoup de choses à mettre en place mais ce soutien permet une réassurance à chaque étape.

 

Isméry Reffuveille :

Très facilement ! Les différents interlocuteurs d’Occitadys facilitent grandement les choses. Le conventionnement est simple.

 

Sentez-vous que le parcours va apporter une nouvelle dimension à votre travail interdisciplinaire ?

Hélène Leneveu :

Oui ! C’est une évidence, déjà à notre échelle. La Parcours de santé TSLA a entraîné une remotivation, l’équipe s’est ouverte à l’extérieur, on a pu aller chercher des nouvelles ressources. Et puis les réunions régionales qui sont organisées constituent des apports de compétences indéniables.

 

Isméry Reffuveille :

Une nouvelle dimension, peut-être pas personnellement, mais une continuité d’un travail déjà engagé et dans lequel nous nous étions toutes et tous déjà bien investis via le Centre Hospitalier. Ce qui est confortable aujourd’hui, c’est d’avoir l’appui de l’association mais aussi de l’ARS. Cela nous apporte une certaine sérénité et peut-être une meilleure reconnaissance des besoins de la part des directions hospitalières. Le dispositif paraît plus solide et ne dépend plus du seul médecin qui porte tout un projet à bout de bras comme ça a pu être le cas, ici, dans les années précédentes.

 

Qu’est-ce que le parcours de santé TSLA apporte dans vos pratiques et vos relations avec l’enfant et sa famille ?

Hélène Leneveu :

Je pense déjà, que même s’ils n’en perçoivent pas encore tous les contours, c’est important pour eux de se sentir étayés par un réseau. On a pris une autre dimension, ce n’est plus juste une équipe localement sur Cahors, c’est tout un réseau. On a gagné une véritable fluidité avec les rééducateurs, pour la psychomotricité c’est une évidence ! On s’était aperçu que la prise en charge que l’on proposait par les psychologues était complétement délaissée. Avec le parcours de santé TSLA, même si les gens n’y vont pas de gaité de cœur, il y a moins de réticence, l’orientation se fait plus facilement et le financement des séances aide profondément.

Enfin, le projet nous a apporté toute cette rigueur dans le recensement des demandes et l’organisation du parcours qui va beaucoup nous aider dans l’évaluation et l’amélioration du fonctionnement de notre centre.

 

Isméry Reffuveille :

Il me semble que les familles s’y retrouvent car leur parcours est davantage « fléché ». Et ce, malgré le dispositif actuel qui entraîne une consultation médicale sur le Centre Hospitalier et des bilans réalisés aux cabinets des libéraux (faute de bureaux disponibles au CH).

D’un point de vue très pratique, il est également plus aisé d’approfondir les bilans neuropsychologiques car les compléments ne seront pas à la charge des familles (coût financier non négligeable pour beaucoup d’entre-elles). Il me semble que cet aspect soulage aussi bien le praticien (qui ne devra pas se contenter de la seule évaluation psychométrique pour essayer de comprendre le fonctionnement de l’enfant, ce qui est souvent insatisfaisant) et les parents.

Enfin, les enveloppes financières attribuées pour les suivis non remboursés par la sécurité sociale permettent aussi de ne pas laisser un enfant « en attente » d’une place en Centre Médico-Psycho-Pédagogique (CMPP) ou autres structures, et de commencer au plus tôt les accompagnements nécessaires.