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Workshop langage écrit : interview d'experte - Sylvia Topouzkhanian

21 avril 2022

Occitadys organise les 12 et 13 mai prochain son workshop sur la prévention des difficultés d’apprentissage du langage écrit. Dans ce cadre, notre équipe a eu le plaisir d’échanger avec Sylvia Topouzkhanian, orthophoniste et membre du comité d’experts du workshop.

Portrait de Sylvia Topouzkhanian, orthophoniste

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Sylvia Topouzkhanian, j’ai été diplômée en orthophonie en 1994 au centre de formation d’orthophonie de Lyon. Ensuite j’ai souhaité, parallèlement à ma pratique, complété ma formation par un doctorat en Sciences du Langage que j’ai soutenu en 2002 à l’université de Lyon.  Très intéressée par les thèses de psycho linguistique génétique d’Emilia Ferrero, j’ai choisi comme sujet de recherche, l’acquisition simultanée de deux systèmes d’écriture, le français et l’arménien, chez les enfants bilingues de la grande section de maternelle au CE1 avec une étude longitudinale très intéressante.

 Actuellement, je suis sur un poste de cadre supérieur de santé au centre hospitalier Le Vinatier et depuis 2018 je suis présidente de l’UNADREO (L’Union Nationale pour le Développement de la Recherche et de l’valuation en Orthophonie), qui est la société savante en orthophonie et qui a pour mission de promouvoir la recherche en orthophonie.

Pourquoi avez-vous souhaité participer à notre workshop sur la prévention des difficultés d'apprentissage du langage écrit et vous investir auprès d’Occitadys ?

Grace à Valérie Katkoff, j’avais pu participer au workshop sur la prévention des difficultés d’acquisition du langage oral et j’ai beaucoup apprécié aussi bien les échanges que les présentations des projets. Par ailleurs, la prévention des difficultés d’apprentissage du langage écrit est un sujet qui me concerne à plus d’un titre. En effet, le Collège Français d’Orthophonie ou CFO (composé de la fédération nationale des orthophonistes et de l’UNADREO) a publié en mars des recommandations professionnelles concernant l’évaluation et l’intervention orthophonique pour les troubles du langage écrit.

En effet, depuis 4 ans, un travail très conséquent mené, sous l’égide du CFO et selon un processus d’élaboration en lien avec la méthodologie HAS par consensus formalisé a été finalisé : les conclusions ont été présentées lors d’un colloque du ministère de la santé.

Les contraintes de l’exercice professionnel quotidien laissent peu de temps aux orthophonistes pour l’étude et l’analyse de la littérature scientifique et des données probantes. Ces recommandations apporteront des ressources pour adapter au mieux l’intervention orthophonique à leurs patients, au cœur du parcours de santé des personnes présentant un trouble du langage écrit.

Ces recommandations réaffirmeront la légitimité des orthophonistes dans le domaine de la prise en charge des troubles du langage écrit.

 L’intitulé exact de cette synthèse est le suivant : “Recommandations de bonnes pratiques d’évaluation de prévention et de remédiation des troubles du langage écrit chez l’enfant et l’adulte.” Tout le volet prévention apparaît donc dans ces recommandations, qui seront bientôt sur le site du collège français d’orthophonie, probablement à temps pour votre workshop.

Selon vous, quels seraient les ingrédients essentiels d'une politique de prévention de difficultés d'apprentissage du langage écrit ?

La collaboration entre les orthophonistes, les enseignants et les autres acteurs est essentielle. C’est suite à ce constat de cette nécessité de collaborer qu’ont été rédigées en 2017 les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé sur le parcours de soin des enfants avec trouble spécifique du langage et des apprentissages. Je me suis donc dis qu’il était crucial de faire évoluer ces collaborations.

Le volet médiatisation est aussi un facteur important. Il est vrai qu’on médiatise les troubles liés au spectre de l’autisme grâce au lobbying très important des associations de parents.

C’est quand même en cours, on voit une évolution médiatique de ce trouble mais cela reste à poursuivre.

Quelle place les orthophonistes ont-elles ou pourraient-elles avoir dans un tel projet de prévention ?

Les orthophonistes ont un rôle crucial dans la prévention des troubles du langage. C’est dans le champ des compétences de l’orthophoniste de pouvoir réaliser des actes de prévention. Ce travail est très développé dans le volet des troubles du langage écrit et oral. Ainsi, un grand projet national a été initié l’année dernière. Ce projet intitulé “A vos jeux, prêts, parlez !” rassemble une vingtaine d’associations de prévention en orthophonie qui déploieront des ateliers de prévention dans les PMI (Protection maternelle et infantile).

On peut donc espérer que ce travail se déploie également pour le volet du langage écrit. Depuis quelques temps, les orthophonistes échangent de plus en plus avec les enseignants. Il faut donc poursuivre dans cette direction. L’avenant 19, qui a été signé en février 2022, a permis aussi de reconnaitre le travail de prévention que les orthophonistes effectuent depuis longtemps bénévolement.

 


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